Au grenier
Par ces journées humides ou froides de Janvier, il n'est pas question de passer quelques heures au jardin, alors quoi de plus excitant que de partir en exploration dans le grenier d'une vieille demeure...
Tout d'abord pour y accéder on emprunte toujours un escalier escarpé qui n'est plus que rarement utilisé.
Quand on pénètre dans le grenier, ce qui nous frappe en premier lieu c'est cette odeur à la fois de poussière et de vieilles choses. Puis la lumière est particulière. Ce n'est souvent qu'un rai qui passe à travers la lucarne.
Là, on imagine découvrir des trésors. Parfois aux premiers abords, nous sommes un peu deçues. Rien de fort intéressant.
Tiens, à quel gentleman pouvaient bien appartenir ces embauchoirs qui conservaient intacte la forme de ses chaussures ?
Puis je cherche, une malle, un coffre. Je me souviens du grenier de ma grand-mère : une malle y était entreposée. Elle venait de Chine, rapportée par un grand oncle. Ce qu'elle pouvait me faire rêver !... J'y avais découvert une robe d'un velours noir si soyeux, incrusté de perles ainsi qu'un voile de dentelle blanche. Combien de fois je les ai descendus et avec mes deux jeunes soeurs, je me déguisais. Dans le fond du jardin se trouvait un vieil arbre sûrement foudroyé car son tronc était creux. Alors je m'y introduisais et là j'étais la princesse avec mon voile de dentelle, et mes soeurs les sujets, prérogative du droit d'aînesse biensûr...
Mais ne serait-ce pas là le coffre si recherché ?
Que peut-il contenir ? Un très vieil appareil photo. Combien de clichés il a dû prendre pour figer à jamais des instants de vie.
Voici un ours qui a dû être tellement aimé, et aussi le confident de tant de bonheurs ou de petits chagrins.
... et que cette poupée est belle avec son élégance surannée.
Mais j'aimerais tant trouver une vieille valise contenant quelques costumes du temps passé. Ah, n'en serait-ce pas une ? Quelle merveilleuse robe elle renferme !
Elle contient aussi de charmants gants et le l'argenterie :
A quelle belle jeune femme pouvait-elle appartenir ? ... et voilà que je découvre quelques lettres, des lettres d'amour probablement, conservées si précieusement.
Alors vais-je découvrir un secret ? Je les prends, je les admire et puis, je me dis qu'elles ne me sont pas adressées, qu'elles ne me concernent pas. Je préfère qu'elles gardent leur mystère...
Il est temps maintenant de redescendre et de quitter ce grenier chargé de tant de souvenirs.
-o-
" A dix ans, nous trouvions refuge dans la charpente du grenier. Des oiseaux morts, de vieilles malles éventrées, des vêtements extraordinaires ; un peu les coulisses de la vie. "
Antoine de Saint Exupéry