Toute passion abolie
Il y a quelque temps, Véronique du Blog Lin, Pain d'épices et Chocolat qui donne toujours de bons conseils littéraires, préconisait des lectures de Vita Sackville-West. Etant donné que l'été dernier j'ai visité le jardin de Sissinghurst dans le Kent, créé justement par Vita Sackville-West, j'ai eu très envie de lire ses romans.
Celui qui m'a beaucoup plu c'est : " Toute passion abolie ". C'est l'histoire de Lady Slane, dont le mari qui eut une carrière politique bien menée, termina Grand Commandeur de l'Empire des Indes. Lady Slane le suivit partout et fut toujours sous son emprise. Mais voilà que le jour de sa mort, elle décide de vivre enfin sa vie, à 88 ans. Sans tenir compte de l'avis de ses enfants, elle va louer une maison pour laquelle elle avait eu un coup de coeur, il y a de très longues années, et là, pour la première fois de sa vie, elle se sent libre, libre enfin de se souvenir et de rêver...
" Et qu'avait-elle été exactement ? se demanda la très vieille dame se souvenant de la jeune fille d'autrefois. Cette rêverie était le plus doux, le plus nostalgique des passe-temps. Ce n'était pas mélancolique, non, c'était plutôt son dernier luxe, le luxe suprême, celui qu'elle avait attendu toute sa vie. Dans ce bref répit avant la mort, le temps était venu de se laisser aller totalement. Après tout, elle n'avait rien d'autre à faire. Oui, c'était cela : pour la première fois de sa vie - ou plutôt pour la première fois depuis son mariage - elle n'avait rien d'autre à faire. Adossée à la mort, elle pouvait enfin contempler sa vie. Et pendant ce temps l'air vibrait du bruissement des abeilles. "
Alors je me suis mise à penser comment moi aussi, à un tel âge avancé et seule, j'aimerais occuper le reste de mes jours. La maison que je louerais serait certainement un vieux cottage croulant sous les fleurs dans la campagne anglaise.
J'y aurais encore forcément la compagnie d'un petit Cavalier King Charles qui m'apporterait amour et présence.
J'aurais toujours aussi à ma portée des livres et une tasse de thé.
Un fauteuil pour s'installer confortablement au salon, y rêver, s'assoupir, sans contraites ni devoirs.
J'aimerais aussi un petit coin bureau où le soleil viendrait caresser mes vieux os et me procurer l'énergie de toujours écrire quelques pages pour vous, sur mon blog !
Puis une cuisine pour encore préparer mes petits plats préférés, avec légumes frais et de nombreux fruits. Mais aussi un cuisine dont la porte s'ouvrirait sur le jardin.
Posséder encore un petit coin jardin avec quelques fleurs à arroser...
... et à contempler. " Car en choisissant la contemplation, elle trouverait un bonheur plus autenthique que celui de ses enfants qui envisageaient la vie avec tant d'ambition et de hargne ". (Vita Sackville-West)
Enfin, il me faudrait aussi un fauteuil au fond du jardin, car " Il n'y a qu'à nos âges qu'il est possible de s'installer aussi paisiblement dans un calme absolu, comme si toute hâte, tout mouvement étaient désormais abolis, et qu'il ne reste rien que l'attente et l'acceptation ". (Vita Sackville-West)
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Biensûr je suis encore bien loin de ce grand âge, mais j'ai aimé ce livre pour la réflexion vers laquelle il m'a menée.
Et vous ? Je serais curieuse de connaître quels seraient vos désirs...