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Le cottage de Gwladys
10 octobre 2014

Rencontre avec Colette et ses sulfures

L'été, nous vivons beaucoup dehors, au jardin. Les repas sont pris en terrasse et l'après-midi nous sommes souvent à la plage. Alors, quand vient l'automne, j'ai l'impression de redécouvrir mon salon et chaque fois c'est un plaisir de prendre le temps de regarder mes sulfures.

Je les collectionne depuis de nombreuses années. Ma première acquisition fut cette boule aux fleurs blanches bordées de rose, à droite de la photo. Je l'avais achetée dans une foire aux antiquités.

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Ensuite, tout au long de mes voyages j'en ai acheté d'autres : à Burford en Angleterre, en Bohême, à Venise ... Certaines m'ont été aussi offertes notamment celle au premier plan, par ma meilleure amie. Je suis fascinée par ces boules " presse-papiers ". Qu'on les regarde pas dessus ...

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... ou sous un autre angle pour apercevoir tous les détails.

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Et les couleurs, les inspirations sont toujours si différentes, que vous en avez des multitudes !

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Ici des fleurs ...

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... ou là des papillons.

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Mais aujourd'hui j'ai envie de vous parler un peu plus longuement de l'écrivain Colette et ses sulfures.

Dans un recueil de souvenirs, l'écrivain américain Truman Capote, décrivit en 1970 à l'âge de 66 ans, sa visite à Colette dans son appartement du Palais Royal à Paris.

A l'époque, un après-midi de Juin 1947, il avait 23 ans et le coeur qui battait très fort car il était attendu pour prendre le thé avec la grande et célèbre Colette, âgée de 74 ans. Elle le reçoit dans sa chambre.

" J'eus d'abord un mouvement de surprise... Rougeaude et le cheveu crêpelé, de type presque africain. Des yeux de chat des faubourgs, obliques et bardés de khôl : un visage tout de finesse, mobile comme l'eau. Les joues fardées de rouge. Les lèvres d'une minceur et d'une ductilité de fil d'acier, mais rehaussées d'écarlate comme celles d'une vraie fille des rues.

Et la chambre renvoyait au luxueux confinement de ses romans les plus profanes - disons, Chéri et La fin de Chéri - avec des rideaux de velours, dressés contre la lumière de Juin. On s'apercevait bientôt que les murs étaient tendus de soie : que la lumière, rosâtre et chaude, filtrait de lampes drapées dans des foulards rose pâle. Un parfum - quelque mélange de roses et d'oranges, de tilleul et de musc - se balançait dans l'air comme une buée : comme une brume légère. "

Ce qui frappe ensuite le jeune écrivain c'est sa collection de sulfures.

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" Il y avait peut-être un millier de ces presse-papiers couvrant deux tables de chaque côté du lit : des demi-sphères de cristal emprisonnant des lézards verts, des salamandres, des mosaïques millefiori, des libellules, un panier de poires, des papillons posés sur des feuilles de fougère, des tourbillonnements de blanc et de rose, et de bleu et de blanc, ruisselant comme un feu d'artifice ; de jolis parterres de pensées, d'éclatantes poinsetties ...

Elle m'expliqua que c'était là le dernier raffinement des cristalliers, de ces artisans inventifs de la joaillerie du cristal qui firent la réputation des créations de Baccarat, de Saint Louis et de Clichy.

Celle-ci, tenez dit-elle c'est un Baccarat. Il porte un nom : La Rose Blanche.

C'était une pièce taillée à facettes, exempte absolument de bulles d'air et décorée d'un seul motif très simple : une rose blanche, montée sur centre fixe, avec quelques feuilles vertes. "

A la question de Colette voulant savoir quelles images l'une de ces pièces lui évoquait, il répond : " Des petites filles dans leurs robes de communiante. "

Ravie de la réponse, Colette lui offre alors le sulfure.

C'est à partir de ce moment qu'il est devenu collectionneur de ces sulfures et qu'il se mettra à la recherche des plus beaux partout dans le monde.

Les plus beaux ils les emportait toujours avec lui, dans tous ses voyages. " Parce qu'une fois éparpillés tout autour de la pièce, ils peuvent me faire paraître chaleureuse, et personnelle, et rassurante, la plus anonyme et sinistre des chambres d'hôtel. "

Parfois aussi il en offrait un à une personne chère et c'était toujours un de ses préférés, en souvenir des paroles de Colette :

" Mon petit, cela ne rime à rien d'offrir une chose si l'on n'y tient pas personnellement. " !

Commentaires
L
ebloui je suis par la collection de sulfures de colette , j ' en<br /> <br /> possede une dizaine , avec l ' intention de grossir ma cllection .<br /> <br /> devant une fenetre avec le soleil dessus , c ' est magnifique
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S
merci pour cet article, Colette est mon écrivain préféré et j'adore les sulfures même si je n'en ai pas!
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C
Une belle rencontre empreinte de sagesse sur cette dernière citation ...
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S
Moi qui aime les écrits de Colette je ne savais pas qu'elle collectionnait les sulfures, mais cela ne m'étonne absolument pas. <br /> <br /> C'est une bien belle collection que tu as et je te souhaite d'en trouver d'autres aussi belles.
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I
TRUMAN Capote <br /> <br /> un écrivain de toute beauté ou il joue un rôle dans le livre <br /> <br /> " Ne tirer pas sur l'oiseau moqueur " <br /> <br /> de Harper Lee ( son amie )<br /> <br /> et il est surtout l'auteur " De sang froid " un fait divers qu'il a suivi <br /> <br /> en temps que journaliste aux États Unis ( 1960) oeuvre maitresse qui a été mis en film<br /> <br /> un film à voir absolument <br /> <br /> bonne journée<br /> <br /> edith (iris)
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